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Terres troubles - Anne-Marie Filaire | CRP/ Centre régional de la photographie Hauts-de-France | Douchy-les-Mines


  • CRP/ Centre régional de la photographie Hauts-de-France Place des Nations 59282 Douchy-les-Mines France (Karte)

CRP/ Centre régional de la photographie Hauts-de-France | Douchy-les-Mines
1. Juni – 6. Oktober 2024

Terres troubles
Anne-Marie Filaire


26 mai 2021, période de couvre-feu à Paris © Anne-Marie Filaire


Von ihrer Heimat Auvergne für das Observatoire photographique du paysage bis zu den turbulenten Gebieten des Nahen und Mittleren Ostens (Israel, Palästina, Libanon, Jemen...) betrachtet Anne-Marie Filaire die Welt durch das Prisma ihrer eigenen, kraftvollen und anspruchsvollen Fotografie. Zunächst fühlte sie sich von den Wüsten angezogen, doch auf ihren zahlreichen Reisen begegnete sie der Gewalt, die bestimmten Ländern innewohnt, und ihre Arbeit findet in instabilen Umgebungen statt. Sie beobachtet, wie sich das Trauma des Krieges auf Landschaften auswirkt, und erkundet Räume, die von den Stigmata bewaffneter Konflikte gezeichnet sind. Die Fotografie ermöglicht es ihr, zu verstehen und zu erzählen, was sich dort, in diesen verminten Gebieten, abspielt. Den Werdegang der französischen Fotografin zu verstehen ist unerlässlich, um zu begreifen, wie einzigartig die beiden im CRP/ präsentierten Projekte sind und wie kohärent sie in der Kontinuität eines über drei Jahrzehnte akribisch aufgebauten Werks sind.

Die Ausstellung Terres troubles, zeigt in einem ersten Teil eine Arbeit, die zwischen 2019 und 2021 in der Peripherie von Paris entstanden ist. Als Anne-Marie Filaire durch die Pandemie von Covid 19 verhindert war, entdeckte sie seltsame Orte, eine Art Niemandsland, das niemand durchquert, abgesehen von einem Ballett von Lastwagen, die Kipper mit Erde abladen. Diese Orte sind dazu bestimmt, Tausende von Kubikmetern Erde von Baustellen aufzunehmen. Die Transformation der Metropole führt zu tiefgreifenden Umwälzungen im Untergrund. Für jedes neue Gebäude, das entsteht, und jede neue U-Bahn-Station, die die Linien verlängert und die Hauptstadt erweitert, müssen Tonnen von Erde abtransportiert und gelagert werden. Diese Räume, die in Schichten und in "Fächern" organisiert sind, sind die Empfänger dieser ausgehobenen Erde. Anne-Marie Filaire dokumentiert fast täglich die Topografie mehrerer dieser Orte. Sie beobachtet, wie sich das Licht je nach Jahreszeit, Wetter und Tageszeit verändert. Auf großen Tafeln, die den Kontakten ähneln, druckt sie diese methodische Erkundung ab.

Sie macht die Zeit sichtbar, die über diesen Bergen und Abgründen vergeht, die der Mensch mit seinem unbändigen Drang zu produzieren, zu bauen und umzugestalten aus dem Nichts geschaffen hat.

Angesichts dieser Bilder spürt man deutlich, dass diese besonderen Orte bei Anne-Marie Filaire eine Detonation und eine Reflexion ausgelöst haben, die sowohl ästhetisch als auch ethisch sind. Als Allegorie der heutigen Zeit, des Anthropozäns, spiegeln diese Orte die ganze exzessive Natur des Menschen wider.

Im Herzen der Ausstellung befindet sich ein Buch. Die Eisenbahn einer neuen Publikation präsentiert die Schriften der Fotografin. Ihre Texte, die während eines Aufenthalts bei der Fondation Jan Michalski im Jahr 2023 entstanden, geben wieder, was sie während dieser seltsamen Erfahrung im Kontakt mit dem Leblosen während der Zeit des Einschlusses empfunden hat.

Das Buch mit dem Titel Récit d'un effacement (Erzählung einer Auslöschung) beschreibt ihre Eindrücke, ihre Emotionen angesichts der Farben, des Lichts, des Horizonts... Ihre körperliche Erfahrung in diesem verlassenen Gebiet, diesem stillen Universum, in der Unendlichkeit, in der Einsamkeit, angesichts dessen, was zu einem Thema, zu Bildern, zu einem Werk werden wird.

In einem zweiten Teil der Ausstellung werden die Ergebnisse der Arbeit gezeigt, die während des Aufenthalts im CRP/ entstanden sind. Anne-Marie Filaire wurde als erste Empfängerin des neuen Programms "Expérience" eingeladen, dem ersten in Frankreich, das Fotokünstlern über 60 Jahren vorbehalten ist, und reiste durch das Bassin minier. Zunächst machte sie sich auf die Suche nach Verbindungen zwischen ihrer früheren Serie über den Erdaushub des Großraums Paris und den Herausforderungen und Problemen, die mit den Böden als Folgen der Bergbaugeschichte verbunden sind. Ihre Aufenthalte in dem Gebiet, ihre Begegnungen und die verschiedenen Phasen ihrer Recherche führten sie in eine andere Richtung.

Neben zwei fotografischen Werken hat Anne-Marie Filaire einen Film mit dem Titel "La Tribune" produziert. Dabei handelt es sich um eine Untersuchung rund um ein gleichnamiges Gemälde des Malers André Fougeron (1913-1998), einer Figur des französischen Nouveau Réalisme und nach dem Krieg offizieller Maler der Kommunistischen Partei. In diesem Interviewfilm, dem sechsten, den die Künstlerin selbst gedreht hat, und mit dem sie diese Praxis wieder aufnimmt, die ihren Werdegang geprägt hat, nimmt sie mehrere Protagonisten auf. Jeder mit seiner Erfahrung oder seinem Fachwissen versetzt uns in die Vergangenheit zurück. Der Kurator, die Historikerin, die sich auf Arbeiterbewegungen spezialisiert hat, der ehemalige Bergmann und andere sprechen und konfrontieren die großen Bergarbeiterstreiks von 1948, die künstlerischen Polemiken zwischen Akademismus und politischem Engagement und die Verbindungen zwischen der sozialen Sphäre und der Welt der Kunst.


18 juin 2021, période de couvre-feu à Paris © Anne-Marie Filaire


De son Auvergne natale pour l’Observatoire photographique du paysage jusqu’aux zones tumultueuses du Proche et du Moyen-Orient (Israël, Palestine, Liban, Yémen…) Anne-Marie Filaire regarde le monde à travers le prisme de sa propre photographie, puissante et exigeante. D’abord attirée par les déserts, elle rencontre au gré de nombreux voyages la violence intrinsèque à certaines contrées et inscrit son travail dans des environnements instables. Elle observe ce que produit le traumatisme de la guerre sur les paysages, et explore les espaces marqués par les stigmates des conflits armés. La photographie lui permet de comprendre et raconter ce qui se joue là, sur ces terrains minés. Cerner le parcours accompli de la photographe française est indispensable pour comprendre combien les deux projets présentés au CRP/ sont si particuliers et en cohérence dans la continuité d’une œuvre construite méticuleusement depuis trois décennies.

L’exposition Terres troubles, présente dans une première partie un travail réalisé entre 2019 et 2021 dans la périphérie de Paris. Alors empêchée par la pandémie de Covid 19, Anne-Marie Filaire découvre d’étranges sites, sortes de No Man’s Land que personne ne traverse, hormis un ballet de camions déversant des bennes de terres. La vocation de ces lieux est d’accueillir des milliers de mètres cubes de terres provenant de chantiers de construction. La transformation de la métropole induit des bouleversements profonds du soussol. Pour chaque nouvel immeuble qui se dresse et chaque nouvelle station de métro qui vient prolonger les lignes et étendre la capitale, ce sont des tonnes de terres qu’il faut évacuer puis stocker. Ces espaces organisés en strates et par « casiers », sont les récepteurs de ces terres excavées. Presque quotidiennement, Anne-Marie Filaire s’attache à documenter la topographie de plusieurs de ces sites. Elle observe la lumière évoluer selon les saisons, la météo, le moment de la journée. Sur de grandes planches, similaires aux contacts, elle imprime cette exploration méthodique.

Elle rend visible le temps qui passe sur ces montagnes et ces précipices créés de toutes pièces par l’homme et son irrépressible besoin de produire, construire, transformer.

Devant ces images, on sent bien que ces endroits spécifiques ont provoqué chez Anne-Marie Filaire une détonation et une réflexion autant esthétiques qu’éthiques. Allégorie des temps actuels, de l’Anthropocène, ces sites traduisent toute la nature excessive de l’Homme.

Au coeur de l’exposition, un livre. Le chemin de fer d’une nouvelle publication présente les écrits de la photographe. Produit lors d’une résidence à la Fondation Jan Michalski en 2023, ses textes transcrivent ce qu’elle a éprouvé au cours de cette expérience étrange vécue au contact de l’inerte, pendant la période de confinement.

Intitulé Récit d’un effacement , le livre r ecueille ses impressions, ses émotions face aux couleurs, à la lumière, à l’horizon… Son expérience physique aussi dans ce territoire désert, cet univers silencieux, dans l’immensité, dans la solitude, face à cequi deviendra un sujet, des images, une oeuvre.

Dans une seconde partie, l’exposition restitue le fruit du travail produit en résidence au CRP/. Invitée pour être la première récipiendaire du nouveau programme «Expérience», le premier en France réservé aux artistes photographes de plus de soixante ans, Anne-Marie Filaire a parcouru le Bassin minier. Dans un premier temps, elle se lance en quête de liens à établir entre sa précédente série sur les terres excavées du Grand Paris et les enjeux et problématiques liés aux sols, conséquences de l’histoire minière. Ses séjours sur le territoire, ses rencontres et ses différentes phases de recherche l’ont emmenée dans une autre direction.

En plus de deux oeuvres photographiques, Anne-Marie Filaire a produit un film intitulé « La Tribune ». Il s’agit d’une enquête autour d’un tableau éponyme du peintre André Fougeron (1913-1998), figure du Nouveau Réalisme français et peintre officiel du Parti communiste après-guerre. Dans ce film d’entretien, le sixième réalisé par l’artiste, qui renoue avec cette pratique qui a jalonné son parcours, elle enregistre plusieurs protagonistes. Chacun avec son expérience ou son expertise, nous replonge dans le passé. Le conservateur, l’historienne spécialiste des mouvements ouvriers, l’ancien mineur entre autres, évoquent et confrontent les grandes grèves des mineurs de 1948, les polémiques artistiques entre académisme et engagements politiques et les liens entre la sphère sociale et le monde de l’art.


La Tribune, 2024 © Anne-Marie Filaire


Dalla nativa Alvernia per l'Observatoire photographique du paysage alle aree tumultuose del Vicino e Medio Oriente (Israele, Palestina, Libano, Yemen...) Anne-Marie Filaire guarda il mondo attraverso il prisma della sua fotografia potente e impegnativa. Inizialmente attratta dai deserti, nei suoi numerosi viaggi ha incontrato la violenza intrinseca di alcune regioni e colloca il suo lavoro in ambienti instabili. Osserva l'impatto del trauma della guerra sui paesaggi ed esplora le aree segnate dalle cicatrici dei conflitti armati. La fotografia le permette di capire e raccontare ciò che sta accadendo lì, in questi campi minati. Comprendere la carriera della fotografa francese è essenziale per capire come i due progetti presentati al CRP/ siano così distinti, ma allo stesso tempo così coerenti con la continuità di un corpo di lavoro che è stato meticolosamente costruito nel corso di tre decenni.

La prima parte della mostra, Terres troubles, presenta un lavoro realizzato tra il 2019 e il 2021 alla periferia di Parigi. Impedita dalla pandemia del Covid 19, Anne-Marie Filaire ha scoperto alcuni strani siti, una sorta di Terra di Nessuno attraverso la quale non passa nessuno, a parte un balletto di camion che scaricano cassoni di terra. Lo scopo di questi siti è quello di ospitare migliaia di metri cubi di terra provenienti dai cantieri. La trasformazione della città sta portando a profondi cambiamenti nel sottosuolo. Per ogni nuovo edificio che sorge e per ogni nuova stazione della metropolitana che estende le linee e la capitale, tonnellate di terra devono essere rimosse e stoccate. Questi spazi, organizzati in strati e "compartimenti", sono i contenitori di questa terra di scavo. Anne-Marie Filaire documenta quasi quotidianamente la topografia di alcuni di questi siti. Osserva la luce che cambia con le stagioni, il tempo e l'ora del giorno. Su grandi tavole, simili a contatti, stampa questa esplorazione metodica.

Rende visibile lo scorrere del tempo su queste montagne e precipizi creati ex novo dall'uomo e dalla sua irrefrenabile necessità di produrre, costruire e trasformare.

Guardando queste immagini, è chiaro che Anne-Marie Filaire è stata stimolata da questi luoghi specifici e ha riflettuto su di essi dal punto di vista estetico ed etico. Allegoria del presente, dell'Antropocene, questi siti riflettono la natura eccessiva dell'uomo.

Il cuore della mostra è un libro. Le chemin de fer d'une nouvelle publication presenta gli scritti del fotografo. Realizzati durante una residenza alla Fondazione Jan Michalski nel 2023, i suoi testi trascrivono ciò che ha provato durante questa strana esperienza a contatto con l'inerte, durante il periodo di confinamento.

Intitolato Récit d'un effacement , il libro racconta le sue impressioni ed emozioni sui colori, la luce, l'orizzonte... La sua esperienza fisica in questo territorio deserto, in questo universo silenzioso, nell'immensità, nella solitudine, di quello che sarebbe diventato un soggetto, delle immagini, un'opera d'arte.

Nella seconda parte, la mostra presenta i frutti del lavoro prodotto durante la residenza al CRP/. Invitata a essere la prima destinataria del nuovo programma "Experience", il primo in Francia riservato ad artisti fotografici di età superiore ai sessant'anni, Anne-Marie Filaire ha viaggiato per il Bassin Minier. Inizialmente, l'artista ha cercato di stabilire dei legami tra la sua precedente serie sulle terre di scavo della Grande Parigi e le questioni e i problemi legati al suolo, le conseguenze della storia mineraria. Le visite alla zona, le persone incontrate e le varie fasi della sua ricerca l'hanno portata in una direzione diversa.

Oltre a due lavori fotografici, Anne-Marie Filaire ha prodotto un film intitolato "La Tribune". Si tratta di un'indagine sull'omonimo dipinto del pittore André Fougeron (1913-1998), figura del Nuovo Realismo francese e pittore ufficiale del Partito Comunista nel dopoguerra. In questo film-intervista, il sesto realizzato dall'artista, che riprende la pratica che ha segnato la sua carriera, l'artista registra diversi protagonisti. Ognuno con la propria esperienza o competenza, ci riportano al passato. Il curatore, lo storico specializzato in movimenti operai e l'ex minatore, tra gli altri, rievocano e si confrontano con i grandi scioperi dei minatori del 1948, le polemiche artistiche tra accademismo e impegno politico e i legami tra la sfera sociale e il mondo dell'arte.


Rivage, © Anne-Marie Filaire


From her native Auvergne for the Observatoire photographique du paysage to the tumultuous zones of the Near and Middle East (Israel, Palestine, Lebanon, Yemen...) Anne-Marie Filaire looks at the world through the prism of her own powerful and demanding photography. Initially drawn to deserts, her travels have brought her face to face with the violence intrinsic to certain regions, and her work is rooted in unstable environments. She observes the impact of the trauma of war on landscapes, and explores spaces marked by the scars of armed conflict. Photography enables her to understand and tell the story of what happens there, on these minefields. Understanding the French photographer's accomplished career is essential to understanding how the two projects presented at CRP/ are so distinctive and coherent in the continuity of a body of work meticulously constructed over three decades.

The first part of the exhibition, Terres troubles, presents work carried out between 2019 and 2021 on the outskirts of Paris. At the time, prevented by the Covid 19 pandemic, Anne-Marie Filaire discovered strange sites, a kind of No Man's Land through which no one passes, apart from a ballet of trucks dumping skips of earth. The purpose of these sites is to house thousands of cubic meters of earth from construction sites. The transformation of the metropolis is causing profound upheavals in the subsoil. For every new building erected, for every new metro station extending the lines and expanding the capital, tons of soil have to be removed and stored. These spaces, organized in strata and "compartments", are the receptacles for this excavated earth. Almost daily, Anne-Marie Filaire documents the topography of several of these sites. She observes the light as it changes with the seasons, the weather and the time of day. On large boards, similar to contacts, she prints this methodical exploration.

She makes visible the passage of time on these mountains and precipices created from scratch by man and his irrepressible need to produce, build and transform.

In the face of these images, it's clear that these specific places have provoked in Anne-Marie Filaire a detonation and a reflection as much aesthetic as ethical. An allegory of our times, of the Anthropocene, these sites reflect the excessive nature of mankind.

At the heart of the exhibition is a book. The railroad of a new publication presents the photographer's writings. Produced during a residency at the Jan Michalski Foundation in 2023, her texts transcribe what she experienced during this strange contact with the inert, during the period of confinement.

Entitled Récit d'un effacement , the book recounts her impressions and emotions of color, light and horizon... Her physical experience of this deserted territory, this silent universe, of immensity and solitude, of what would become a subject, images and work of art.

The second part of the exhibition presents the fruits of the work produced during the residency at CRP/. Invited to be the first recipient of the new "Experience" program, the first in France reserved for photographic artists over the age of sixty, Anne-Marie Filaire travelled around the Bassin Minier. Initially, she set out to establish links between her previous series on the excavated soil of Greater Paris and the issues and problems linked to the soil, the consequences of mining history. Her visits to the area, her encounters and the various phases of her research led her in a different direction.

In addition to two photographic works, Anne-Marie Filaire has produced a film entitled "La Tribune". This is an investigation of an eponymous painting by André Fougeron (1913-1998), a figure of French Nouveau Réalisme and official painter of the Communist Party after the war. In this interview film, the sixth made by the artist, which revives the practice that has marked her career, she records several protagonists. Each with their own experience or expertise, they take us back to the past. The curator, the historian specializing in workers' movements and the former miner, among others, evoke and confront the great miners' strikes of 1948, the artistic polemics between academicism and political commitment, and the links between the social sphere and the art world.

(Text: CRP/ Centre régional de la photographie Hauts-de-France, Douchy-les-Mines)