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Le Monde en Face - Gilles Favier | Centre photographique documentaire - ImageSingulières | Sète


  • Centre photographique documentaire - ImageSingulières 17 rue Lacan 34200 Sète France (Karte)

Centre photographique documentaire - ImageSingulières | Sète
15. September - 23. Dezember 2023

Le Monde en Face
Gilles Favier


Cerro de la Cruz. Valparaiso, Chili, 2019. © Gilles Favier


Während wir Gilles Favier als künstlerischen Leiter von ImageSingulières kennen, wissen wir weniger über seine persönliche Arbeit. Gilles Favier ist in erster Linie ein Fotograf, Humanist und Politiker im weitesten Sinne des Wortes.

Da ImageSingulières neue Richtungen einschlägt, wollte ich die letzte Ausstellung des Jahres seiner fotografischen Arbeit widmen, um ihn besser bekannt zu machen.

Als 30-jähriges Mitglied der Agence VU' und treuer Mitarbeiter der Zeitung Libération leistet er dokumentarische Arbeit, die uns dazu bringt, die Gesellschaft mit anderen Augen zu sehen und uns neu zu hinterfragen. Seine Fotografien fangen mit Empathie Lebensabschnitte ein, die uns nicht so fremd, sondern manchmal sogar vertraut sind.

Gilles Favier, der von den Bildern von Diane Arbus inspiriert wurde, fotografiert die Menschen, die das heutige Frankreich zum Teil aufgebaut haben. Franzosen, die trotz der Krise stolz auf ihre republikanischen Werte bleiben und bereit sind, sie zu verteidigen, aber nicht nur das. Er interessiert sich im weiteren Sinne für diese Männer und Frauen, die der Volksklasse angehören, und das weit über das Hexagon hinaus.

In dieser Retrospektive zeigen wir insbesondere seine Arbeiten über den Nordirlandkonflikt in Belfast, die Nebenschauplätze der Dreharbeiten zu La Haine, seine intime Sicht auf Valparaiso, die Nordviertel von Marseille, die Spuren der Arbeiterwelt in Saint-Etienne, die Sklavenroute, auf den Spuren von Pierre Verger zwischen Benin und Bahia sowie seine Serie One Star Hôtel.

Gilles Favier beansprucht seine Funktion als Dokumentarfotograf, als Zeuge, Analyst und Komplize, und bekräftigt die Notwendigkeit einer fotografischen, unspektakulären Form, um zu berichten. (Valérie Laquittant, Direktorin von ImageSingulières)

Sie leben in Marseille oder in Benin, in Belfast, in Saint-Etienne, in Valparaiso oder in einem Pariser Vorort, und sie schauen uns an.

Sie, Männer, Frauen oder Kinder, sind Figuren, denen Gilles Favier im Laufe seiner verschiedenen Projekte begegnet ist.

Er hat sich dazu entschlossen, sie zusammenzufassen, weil sie Schlüsselelemente seiner Erkundung von sozialen Gruppen oder Situationen waren, die er für seine visuellen Untersuchungen ausgewählt hat, die einen Zustand der heutigen Welt offenbaren. Das liegt auch daran, dass er nach Abschluss seiner Arbeit weiterhin Beziehungen pflegte, meist freundschaftlicher Natur, und sie als eine Art Familie betrachtete, die aus der Arbeit entstanden war.

All diese Menschen, die uns in dem frontalen Ansatz, den Gilles Favier liebt, betrachten, kennen sich nicht. Und doch existieren sie, abgesehen von ihrer eigenen Situation (Arbeitslose in Europa, Minenopfer in Angola, Immigranten), als eine zusammenhängende Gruppe. Oder, genauer gesagt, der Blick, der auf sie gerichtet ist, sorgt für Kohärenz zwischen diesen so unterschiedlichen Gesichtern.

Dieser Blick ohne Manierismen ist in erster Linie ein Blick des Respekts, eine Hervorhebung des Menschlichen und Würdigen in jedem, den der Fotograf festhält, indem er seinen Standpunkt mit dem ihren vergleicht, für diese seltsame Übung des Porträts, die sich in einer Gegenüberstellung, einer Spannung, einem Austausch zusammenfassen lässt. Denn in diesen scheinbar so einfachen Porträts gab es einen echten Austausch.

Es gibt Fotografen, die ihre "Modelle" gerne in eine vorgegebene Form pressen. Gilles Favier hingegen versucht, das unvermeidliche Aufeinandertreffen der Blicke, dem das Genre gehorcht, in eine Art des Teilens zu verwandeln. In einem Moment der Enthüllung, in dem jeder wieder auf seine Kosten kommt, weil der Respekt zwischen zwei Individuen offensichtlich ist. Dann, und nur dann, ist es möglich, dass wir, die wir keine der Figuren kennen, die uns direkt in die Augen schauen, sie ebenfalls anschauen, ohne uns in Voyeure zu verwandeln.

Dieser Beweis der Menschlichkeit ist auch eine Anerkennung, eine Art, sich bei denjenigen zu bedanken, die die Konfrontation und das Risiko auf sich genommen haben, so dargestellt zu werden, wie sie es sich nicht vorgestellt haben. Der Ansatz, während Fotografen oft räuberisch sind, ist selten genug, um Gilles Favier dafür zu danken. (Christian Caujolle)


Si nous connaissons Gilles Favier comme le directeur artistique d’ImageSingulières, nous connaissons moins son travail personnel. Gilles Favier est avant tout un photographe, humaniste et politique au sens large du terme.

ImageSingulières prenant de nouvelles directions, j’ai souhaité consacrer la dernière exposition de l’année à son travail photographique afin de mieux le faire connaître.

Membre de l’Agence VU’ pendant 30 ans, fidèle du journal Libération, il accomplit un travail de documentariste qui nous amène à porter sur la société un regard différent, à nous réinterroger. Ses photographies saisissent avec empathie des tranches de vie qui ne nous sont pas si étrangères, parfois même familières.

Nourrit aux images de Diane Arbus, Gilles Favier photographie celles et ceux qui ont, en partie, construit la France d’aujourd’hui. Des Français qui malgré la crise restent fiers de leurs valeurs républicaines et prêts à les défendre, mais pas seulement. Il s’intéresse plus largement à ces hommes et ces femmes qui appartiennent à la classe populaire, et ce, bien au-delà de l’Hexagone.

Pour cette rétrospective, nous montrerons notamment ses travaux sur le conflit nord-irlandais à Belfast, les à-côtés du tournage de La Haine, sa vision intime de Valparaiso, les quartiers nord de Marseille, les traces du monde ouvrier à Saint-Etienne, la route des esclaves, sur les traces de Pierre Verger entre le Bénin et Bahia, et sa série One Star Hôtel.

Gilles Favier revendique sa fonction de photographe documentaire, de témoin, analyste et complice, et affirme la nécessité d’une forme photographique, non spectaculaire, pour rendre compte. (Valérie Laquittant, directrice d’ImageSingulières)

Ils vivent à Marseille, ou au Bénin, à Belfast, à Saint-Etienne, à Valparaiso ou en banlieue parisienne et ils nous regardent.

Eux, hommes, femmes ou enfants, ce sont des personnages que Gilles Favier a rencontrés au cours de ses divers projets.

S’il a décidé de les regrouper c’est qu’ils ont été des éléments clé de son exploration de groupes sociaux ou de situations sur lesquels il a choisi de mener ses enquêtes visuelles qui révèlent un état du monde d’aujourd’hui. C’est également parce qu’après avoir terminé son travail, il a continué à entretenir des relations, amicales la plupart du temps, et qu’il les a considérées comme une sorte de famille née du travail.

Tous ces gens qui nous regardent dans l’approche frontale que Gilles Favier affectionne ne se connaissent pas. Et pourtant, au-delà de leur situation propre (chômeurs en Europe, victimes de mines en Angola, immigrés) ils existent comme un groupe cohérent. Ou, plus exactement, le regard porté sur eux assure la cohérence entre ces visages si divers.

Ce regard sans maniérisme est d’abord un regard de respect, une mise en évidence de ce qu’il y a d’humain et de digne dans chacun de ceux que le photographe fixe, confrontant son point de vue au leur pour cet étrange exercice du portrait qui se résume en un face à face, en une tension, en un échange. Car, dans ces portraits apparemment si simples il y avait véritablement échange.

Il existe des photographes qui aiment plier leurs « modèles » à une forme pré-établie. Gilles Favier, lui, cherche à transformer l’inévitable affrontement des regards auquel obéit le genre en une manière de partage. En un instant de dévoilement où chacun retrouvera son compte parce que le respect est évident entre deux individus. Alors, et seulement alors, il est possible que nous, qui ne connaissons aucun des personnages qui nous regardent droit dans les yeux, les regardions également sans nous transformer en voyeurs.

Cette preuve d’humanité est également une reconnaissance, une façon de dire merci à ceux qui ont accepté la confrontation et le risque de se voir représentés tels qu’ils ne s’imaginaient pas. La démarche, alors que les photographes sont souvent prédateurs est suffisamment rare pour que Gilles Favier en soit remercié. (Christian Caujolle)


Conosciamo Gilles Favier come direttore artistico di ImageSingulières, ma sappiamo meno del suo lavoro personale. Gilles Favier è soprattutto un fotografo, umanista e politico nel senso più ampio del termine.

Mentre ImageSingulières intraprende nuove strade, ho voluto dedicare l'ultima mostra dell'anno al suo lavoro fotografico per farlo conoscere meglio.

Membro dell'Agence VU' da 30 anni e collaboratore regolare del quotidiano Libération, il suo lavoro di documentarista ci spinge a guardare la società con occhi diversi e a metterci in discussione. Le sue fotografie catturano con empatia spaccati di vita che non ci sono così estranei, a volte addirittura familiari.

Nutrito dalle immagini di Diane Arbus, Gilles Favier fotografa coloro che hanno, in parte, costruito la Francia di oggi. Francesi che, nonostante la crisi, restano orgogliosi dei loro valori repubblicani e pronti a difenderli. Il suo interesse si rivolge anche agli uomini e alle donne della classe operaia, ben oltre la Francia stessa.

Per questa retrospettiva, mostreremo in particolare il suo lavoro sul conflitto nordirlandese a Belfast, le conseguenze delle riprese di La Haine, la sua visione intima di Valparaiso, i quartieri settentrionali di Marsiglia, le tracce del mondo operaio a Saint-Etienne, la rotta degli schiavi, sulle orme di Pierre Verger tra Benin e Bahia, e la serie One Star Hôtel.

Gilles Favier afferma il suo ruolo di fotografo documentarista, di testimone, analista e complice, e ribadisce la necessità di una forma di reportage fotografico non spettacolare. (Valérie Laquittant, direttrice di ImageSingulières)

Vivono a Marsiglia, nel Benin, a Belfast, a Saint-Etienne, a Valparaiso o nella periferia parigina, e ci osservano.

Sono uomini, donne e bambini, personaggi che Gilles Favier ha incontrato nel corso dei suoi vari progetti.

Se ha deciso di raggrupparli, è perché sono stati elementi chiave nella sua esplorazione dei gruppi sociali o delle situazioni che ha scelto di indagare visivamente, rivelando uno stato del mondo di oggi. È anche perché, una volta terminato il suo lavoro, ha continuato a mantenere relazioni, per lo più amichevoli, e a vederle come una sorta di famiglia nata dal lavoro.

Tutte queste persone che ci guardano con l'approccio frontale preferito da Gilles Favier non si conoscono. Eppure, al di là della loro situazione (disoccupati in Europa, vittime delle mine in Angola, immigrati) esistono come un gruppo coerente. O, per essere più precisi, il modo in cui vengono visti fa sì che questi volti diversi siano coerenti.

Questo sguardo disadorno è prima di tutto uno sguardo di rispetto, che mette in evidenza ciò che di umano e dignitoso c'è in ognuno di coloro che il fotografo fotografa, mettendo a confronto il suo punto di vista con il loro in questo strano esercizio di ritrattistica che si riduce a un incontro faccia a faccia, a una tensione, a uno scambio. Perché in questi ritratti, apparentemente così semplici, c'è stato un vero e proprio scambio.

Ci sono fotografi che amano piegare i loro "modelli" a una forma prestabilita. Gilles Favier, invece, cerca di trasformare l'inevitabile confronto di sguardi a cui il genere è soggetto in una sorta di condivisione. In un momento di svelamento in cui ognuno troverà ciò che cerca, perché il rispetto è evidente tra due individui. Allora, e solo allora, è possibile per noi, che non conosciamo nessuno dei personaggi che ci guardano, guardarli senza diventare voyeur.

Questa dimostrazione di umanità è anche una forma di riconoscimento, un modo per dire grazie a chi ha accettato il confronto e il rischio di vedersi ritratto in un modo che non avrebbe mai immaginato. In un'epoca in cui i fotografi sono spesso predatori, questo approccio è sufficientemente raro perché Gilles Favier possa essere ringraziato. (Christian Caujolle)


While we know Gilles Favier as the artistic director of ImageSingulières, we are less familiar with his personal work. Gilles Favier is above all a photographer, humanist and political in the broadest sense of the term.

As ImageSingulières takes on new directions, I wanted to dedicate the last exhibition of the year to his photographic work, in order to make him better known.

A member of Agence VU' for 30 years, and a regular contributor to the newspaper Libération, his work as a documentary photographer leads us to take a different look at society, and to question ourselves. His photographs capture with empathy slices of life that are not so foreign to us, sometimes even familiar.

Nourished by the images of Diane Arbus, Gilles Favier photographs those who have, in part, built the France of today. French people who, despite the crisis, remain proud of their republican values and ready to defend them, but not only. He is also interested in the men and women of the working class, far beyond France's borders.

For this retrospective, we'll be showing his work on the Northern Irish conflict in Belfast, the aftermath of the filming of La Haine, his intimate vision of Valparaiso, Marseille's northern suburbs, traces of the working-class world in Saint-Etienne, the slave route, in the footsteps of Pierre Verger between Benin and Bahia, and his One Star Hôtel series.

Gilles Favier asserts his role as documentary photographer, as witness, analyst and accomplice, and asserts the need for a photographic, non-spectacular form of reporting. (Valérie Laquittant, director of ImageSingulières)

They live in Marseille, Benin, Belfast, Saint-Etienne, Valparaiso or the Paris suburbs, and they're watching us.

Men, women and children, these are the characters Gilles Favier has met in the course of his various projects.

If he has decided to group them together, it's because they have been key elements in his exploration of the social groups or situations he has chosen to investigate visually, revealing a state of the world today. It's also because, after completing his work, he continued to maintain relationships, mostly friendly, and considered them a kind of family born of work.

All these people who look at us with Gilles Favier's trademark frontal approach don't know each other. And yet, beyond their individual situations (unemployed in Europe, mine victims in Angola, immigrants) they exist as a coherent group. Or, to be more precise, the way we look at them ensures coherence between these diverse faces.

This unmannered gaze is first and foremost a gaze of respect, a focus on what is human and dignified in each of those whom the photographer captures, confronting his point of view with theirs in this strange portraiture exercise that boils down to a face-to-face encounter, a tension, an exchange. For, in these seemingly simple portraits, there was a genuine exchange.

There are photographers who like to bend their "models" to a pre-established form. Gilles Favier, on the other hand, seeks to transform the genre's inevitable confrontation of gazes into a kind of sharing. In a moment of unveiling, everyone will find what they're looking for, because respect is evident between two individuals. Then, and only then, can we, who don't know any of the characters staring back at us, look at them without becoming voyeurs.

This demonstration of humanity is also a form of recognition, a way of saying thank you to those who have accepted the confrontation and the risk of seeing themselves portrayed in ways they never imagined. At a time when photographers are often predatory, this approach is sufficiently rare for Gilles Favier to be thanked. (Christian Caujolle)