Focale | Nyon
8. September - 10. November 2019
Bulgarie - Pays palimpseste
Vladimir Vasilev
Im Januar 2007 trat Bulgarien der Europäischen Union bei. Ein alter Traum wird wahr. Dennoch haben 45 Jahre Kommunismus das Land nachhaltig geprägt: Die Vergangenheit ist allgegenwärtig und scheint jede Zukunft zu verhindern. Wir müssen die Zukunft neu erfinden, indem wir mit den vielen Unsicherheiten und Absurditäten jonglieren, die sie mit sich bringt. Heute scheint die Zeit stehen geblieben zu sein. Die Sehnsucht nach der Vergangenheit drängt sich in die Leere links. Wünsche sind surreal. Die gegenwärtige Armut und die Hoffnung auf eine erfolgreiche Zukunft koexistieren also anekdotisch und vermischen sich in der bulgarischen Landschaft. Wie in einer Fiktion bleibt die Realität irreführend. Verschwindet die Grenze zwischen Realität und Vorstellung vor unseren Augen?
Die Idee des Projekts, eine dokumentarische Arbeit über Bulgarien, begann erst, nachdem ich mein Land verlassen hatte. Was bleibt heute von Bulgarien übrig? Seit zehn Jahren fotografiere ich in Farbe die schnellen und brutalen Veränderungen in einem Land, das ich schwer zu erkennen finde. Auf jeder meiner Reisen finde ich dieses bulgarische Chaos unaufhörlich und unverständlich. Diese Veränderungen spiegeln die Zeit wider, die vergangen ist, vom Fall der UdSSR bis zum Beitritt Bulgariens zur Europäischen Gemeinschaft. Geteilt zwischen dem Westen, der von Europa und den Vereinigten Staaten verkörpert wird (die dem Land Bilder über das Fernsehen und die Werbung liefern) und den Stigmata von 45 Jahren Diktatur, steht das Land an einem Scheideweg. Dieses Projekt ist persönlich. Diese Menschen, die die Bilder bevölkern, können meine Familie, meine Nachbarn, die Freunde meiner Freunde, Fremde sein. Ich erzähle von diesem Land sowohl als bulgarischer Bürger als auch als europäischer Bürger. Diese doppelte Kultur ist die Herausforderung des neuen Bulgariens, das versucht, den Weg aus den Leuchttürmen der Vergangenheit, im Zuge Westeuropas, zu finden und gleichzeitig seine Identität zu bewahren.
Vladimir Vasilev, ein professioneller Fotograf, wurde in Stara Zagora, Bulgarien, geboren. Er begann im Alter von 15 Jahren mit dem Fotografieren. 1998 beschloss er, sich ganz der Fotografie zu widmen und verließ sein Land nach Frankreich. Seine Arbeit wurde mehrfach ausgezeichnet und ist Teil des Projekts La France vue d'ici, das vom Festival Images Singulières und in Zusammenarbeit mit Mediapart gegründet wurde. Derzeit ist er vier Jahre lang im Rahmen des Auf- und Umbaus von La Samaritaine, dessen künstlerischer Leiter Christian Caujolle ist, inhaftiert.
En Janvier 2007, la Bulgarie entre dans l’Union européenne. Un vieux rêve se réalise. Néanmoins, quarante-cinq années de communisme ont marqué le pays durablement : le passé est omniprésent et semble empêcher tout avenir. Il faut réinventer le futur en jonglant avec les nombreuses incertitudes et absurdités dont il est porteur. Aujourd’hui, le temps semble s’être arrêté. La nostalgie du passé s’engouffre dans le vide laissé. Les désirs sont surréalistes. La pauvreté actuelle et l’espoir d’un avenir prospère se côtoient ainsi de façon anecdotique et se mélangent dans le paysage bulgare. Comme dans une fiction, la réalité reste trompeuse. La frontière entre réel et imaginaire disparaît-elle sous nos yeux ?
L’idée du projet, travail documentaire sur la Bulgarie, n’a commencé qu’après avoir quitté mon pays. Que reste-il aujourd’hui de la Bulgarie ? Depuis maintenant dix ans, je photographie en couleur les mutations rapides et brutales d’un pays que j’ai du mal à reconnaître. A chacun de mes voyages, je retrouve ce chaos propre à la Bulgarie, incessant et incompréhensible. Ces changements témoignent du temps passé, depuis la chute de l’URSS jusqu’à l’entrée de la Bulgarie dans la Communauté européenne. Partagé entre l’Occident incarné par l’Europe et les Etats-Unis (qui abreuvent le pays d’images via la télévision et la publicité) et les stigmates de 45 ans de dictature, le pays est à un carrefour. Ce projet est personnel. Ces gens qui peuplent les images peuvent être ma famille, mes voisins, les amis de mes amis, des inconnus. Je raconte ce pays à la fois en tant que citoyen Bulgare et citoyen Européen. Cette double culture est le défi de la nouvelle Bulgarie qui tente de se frayer un chemin hors des balises du passé, dans le sillon d’une Europe occidentale tout en essayant de préserver son identité.
Photographe professionnel, Vladimir Vasilev est né à Stara Zagora en Bulgarie. Il commence la photographie, dès l’âge de 15 ans. En 1998, il décide de se consacrer entièrement à la photographie et quitte son pays pour la France. Son travail reçoit différents prix prestigieux et fait partie du projet La France vue d’ici, fondé par le festival Images Singulières et en partenariat avec Mediapart. Il est actuellement en résidence pour une durée de quatre ans dans le cadre de la construction et la restauration de La Samaritaine, dont le directeur artistique est Christian Caujolle.
(Text: Focale, Nyon)