"Liu Bolin – Le Théâtre des apparences", Musée de l’Elysée

Info Wall, “Hiding in the City”, 2011 © Liu Bolin / Courtesy Galerie Paris-Beijing

Info Wall, “Hiding in the City”, 2011 © Liu Bolin / Courtesy Galerie Paris-Beijing

“À présent, dans le monde matériel réel, les opinions divergent. Chacun choisit sa propre voie et son mode de connexion vers le monde extérieur. J’ai décidé de me fondre dans l’environnement. Certains diront que je disparais dans le paysage ; je dirais pour ma part que c’est l’environnement qui s’empare de moi […]” [1] Liu Bolin

Head Portrait (Mao), “Hiding in the City”, 2012 © Liu Bolin / Courtesy Galerie Paris-Beijing

Head Portrait (Mao), “Hiding in the City”, 2012 © Liu Bolin / Courtesy Galerie Paris-Beijing

Depuis 2005, Liu Bolin (1973*) se fond dans son environnement. L’artiste chinois brouille les limites entre le visible et l’invisible, la présence et l’absence, l’harmonie et le chaos. Le Musée de l’Élysée à Lausanne présente son travail jusqu’au 27 janvier 2019. “Liu Bolin – Le Théâtre des apparences” est la première exposition de l’artiste à caractère rétrospectif au sein d’un musée en Suisse. 

Rien n’est laissé au hasard dans les mises en scène de Liu Bolin que la photographie immortalise. Les détails des lieux dans lesquels l’artiste se place et performe sont retranscrits minutieusement sur son corps par ses assistants sans aucune autre manipulation.  

Temple of Heaven, “Hiding in the City”, 2010 © Liu Bolin / Courtesy Galerie Paris-Beijing

Temple of Heaven, “Hiding in the City”, 2010 © Liu Bolin / Courtesy Galerie Paris-Beijing

L’artiste se fusionne tour à tour avec des arrière-plans tels que l’étalage d’un supermarché, le Temple du Ciel, le fleuve Jaune, un mur d’affichage, des pandas en peluche, un arrêt de bus ou encore un engin de chantier. Ainsi immergé et absorbé, le corps de l’artiste – dont les yeux sont toujours fermés – semble se défaire de son essence et perdre son identité.  

Au-delà de leur côté ludique et de leur grand esthétisme, les œuvres de Liu Bolin nous interpellent et nous forcent à questionner notre rapport au monde. En se dissimulant dans des lieux chargés de messages, l’artiste dénonce les déroutes de notre société : problèmes écologiques, sociaux et politiques, pollution, surconsommation, standardisation et aliénation. Le camouflage est alors une manière de résister et de révéler, un appel à la prise de conscience. 

In the Woods, “Hiding in the City”, 2010 © Liu Bolin / Courtesy Galerie Paris-Beijing

In the Woods, “Hiding in the City”, 2010 © Liu Bolin / Courtesy Galerie Paris-Beijing

Sculpteur, performeur et photographe, Liu Bolin est né en Chine dans la Province de Shandong en 1973. Il est diplômé de la Shandong Academy of Fine Arts (1995) et de la Central Academy of Fine Arts de Pékin, où il a obtenu un Master en 2001. Il vit et travaille à Pékin. 

« Liu Bolin – Le Théâtre des apparences » est à voir au Musée de l’Élysée à Lausanne jusqu’au 27 janvier 2019.

[1]  Liu Bolin, « Quand le camouflage devient stratégie », dans Liu Bolin, publié par Galerie Paris-Beijing, 2013, p.19

Pauline Guex